Nutrition en mer

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CATAMARAN
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Nutrition en mer
sujet n°79274
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Anonyme (non vérifié)
réponse n°74822

Une solution simple pour savoir si les apports en eau sont suffisants, c'est de savoir combien on urine. En principe, on doit uriner
entre un litre et un litre et demi par jour. En deçà, le travail des reins est plus difficile, et le risque de cystite devient réellement
important chez les femmes, plus sujettes que les hommes à cette affection.

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DUFOUR
Inscrit forum
réponse n°74825

Je doute que la quantité d'urine soit un paramètre suffisant pour appréhender la ration journalière en eau.
La transpiration et la respiration sont des paramètres plus difficile à appréhender, et les pertes liées toutes aussi importantes.

En montagne, entre la transpiration liée à l'effort et la respiration dans une atmosphère plus desséchante les pertes peuvent
avoisiner un litre à l'heure.

Anonyme (non vérifié)
réponse n°74830

Tout à fait d'accord avec toi, les pertes en eau par respiration et transpiration sont très difficiles à évaluer. Il en est d'ailleurs de
même pour les apports (par exemple combien d'eau est apportée par les aliments solides?). Justement, ce que l'on urine
représente la différence entre apports et pertes par transpiration et respiration. C'est donc un indicateur précis du résultat de la
balance entre apport et pertes. CQFD.

Anonyme (non vérifié)
réponse n°75312

On ne survit pas très longtemps sans boire. A une température extérieure de 30°C, la survie n’excède pas 3 jours. A 15°C, on
peut tenir une quinzaine de jours, à condition de rester à l’ombre et sans bouger…
Notre corps est composé de 70% d’eau qui se répartit en 2 compartiments. L’un appelé « extra-cellulaire » comporte tous les
fluides dont le sang. Cette eau sert à véhiculer les éléments nutritifs nécessaires au fonctionnement de l’unité de vie : la cellule.
L’autre compartiment est l’eau contenue dans la cellule. Cette eau « intra-cellulaire », sert de support d’échange et de réactif
chimique fournisseur d’énergie.
Les cellules baignent dans le liquide extra-cellulaire dont elles ne sont séparées que par la membrane de leur enveloppe. Cette
membrane va laisser passer l’eau dans un sens ou dans l’autre pour corriger les variations de concentration en éléments
minéraux (dont le sel) de l’un ou l’autre des compartiments. Ce phénomène s’appelle l’osmose.
- Si l’on ne boit pas assez, le manque d’eau dans le sang provoque une augmentation de son taux de sel. Les cellules font alors
sortir leur eau « intra-cellulaire » pour diluer le sel et réduire son taux. Ce mécanisme est celui de la déshydratation qui touche
d’abord le sang puis les cellules, quand elles perdent leur eau.
- Si l’on boit sans manger, c’est le mécanisme inverse. Le sel dans le sang est de plus en plus dilué, son taux chute. La
membrane cellulaire laisse passe l’eau pour diluer son sel intra-cellulaire et faire chuter son taux dans la même proportion. Ce
mécanisme est celui d’une noyade en eau douce. L’eau envahissant les poumons passe directement dans le sang, diluant le sel.
Selon le principe décrit, l’eau pénètre alors dans les globules rouges qui gonflent et finissent par éclater.
Quand il fait chaud, la sudation entraîne la perte de sel dans le sang pouvant conduire, à terme, au même mécanisme si l’on
n’apporte pas un peu de sel aux aliments ou aux boissons.
- En situation de naufrage, si on boit de l’eau de mer, la quantité de sel est là, par contre, trop importante. Son taux dans le
sang augmente peu à peu. Quand cette augmentation dépasse les tolérances physiologiques, les cellules vont libérer de l’eau
pour diluer le sel en excès dans le sang. La déshydratation ainsi créée touche d’abord les cellules les plus fragiles : les neurones.
Les troubles du comportement en sont les premiers symptômes, avant la perte de conscience. Boire de l’eau de mer est donc à
court terme une très mauvaise solution.
C’est l’hypothalamus qui contrôle et gère les taux de sel dans les 2 compartiments. Si les apports sont insuffisants, il limite
l’excrétion de l’eau par les reins pour protéger les réserves. Parallèlement, la sensation de soif va apparaître.
Mais l’hypothalamus est aussi la partie du cortex cérébral qui gère le stress (voir texte précédent). C’est la raison pour laquelle
une situation angoissante entraîne bouche sèche et sensation de soif sans qu’il y ait manque d’eau pour autant.
On pourrait se demander si en buvant plus que nécessaire, on ne risque pas d’aboutir à un processus identique à la noyade.
C’est impossible car les reins sont là pour évacuer le trop-plein. Reste que, parfois, on peut se noyer dans un verre d’eau, mais
pour de toutes autres raisons…
Comme on vient de le voir, pour conserver une hydratation bien équilibrée des 2 compartiments, il faut boire si l’on mange. Mais
sans possibilité de boire de l’eau, il faut éviter de manger.
La règle est simple : il faut un centimètre-cube d’eau pour une Calorie absorbée. Avec les aliments normaux qui contiennent une
grande quantité d’eau, l’apport s’effectue par l’aliment lui-même. Avec les aliments lyophilisés dont on a retiré l’eau, l’apport en
eau doit être particulièrement surveillé, la réhydratation des aliments étant souvent insuffisante.
Une bonne prévention consiste à boire régulièrement avant d’avoir soif. Au-delà des effets nuisibles décrits plus haut, la
déshydratation va très vite altérer la performance. Une perte liquidienne de 2 % correspond à un manque d’eau d’environ 1,5
l. chez une personne de 75 kg, ce qui est peu. La chute consécutive des performances physiques et mentales est, elle, de 20
% ! Pour une perte de 4 % soit environ 3 litres, la chute est de 40 % !
Mais le processus est sournois et le stress peut parfois faire oublier de boire. On rentre alors dans une spirale où à la
déshydratation s’associe l’altération du discernement. La bonne gestion de ses apports en eau est un élément de performance
mais aussi de sécurité.

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DUFOUR
Inscrit forum
réponse n°75316

Sujet fort intéressant,

Mais comment expliquer l’expérience d’alain Bombard, qui en 1952 a réussi à traverser l’atlantique en 113 jours en buvant de
l’eau de mer, jus de poisson et eau de pluie. ?
Dans les conditions les plus extrêmes, pour survivre peut-on absorber quand même de l’eau de mer. ?
Malgré les années, l’expérience de Bombard garde t-elle toute sa pertinence. ?

Pierre Spinelli dans son expérience de naufragé volontaire en méditerranée, en septembre 1995 déconseille de boire de l’eau de
mer, mais son expérience avait duré 21 jours. !
(A noter, dans ses recommandations, Spinelli conseille de prendre un jerrican en plastique rempli au 4/5 pour le faire flotter.)
Ses notions de physique semblaient élémentaires. « Un jerrican en plastique rempli d’eau douce flotte quand même dans l’eau de
mer !.

Et d’où l’intérêt de joindre systématiquement à l’équipement de survie un petit déssalinisateur manuel !.

Anonyme (non vérifié)
réponse n°75324

Comme j'ai tenté de l'expliquer, la charge en sel de l'eau de mer va augmenter la concentration saline du milieu extra-cellulaire.
Le rééquilibrage des concentrations exige que l'eau des cellules en sorte pour diliuer ce milieu extra cellulaire, ce qui provoque
comme on peut le penser, une déhydratation intra-cellulaire secondaire. Ce phénomène ne se produit pas dès la première
gorgée d'eau de mer évidemment. Le milieu extra-cellulaire peut accepter une certaine quantité de sel avant que ce mécanisme
osmotique se mette en route. C'est pour cette raison que certains pensaient pouvoir jouer sur cet effet tampon et boire de l'eau
de mer pendant quelques jours à condition de boire de l'eau douce après. Autant dire que c'est jouer sur une solution
hypothétique et dangereuse.
L'expérience de Bombard a été une extraordinaire aventure humaine qu'il faut sans doute remettre dans la logique des pionniers
de l'époque. Depuis, on a beaucoup appris sur la physiologie humaine et on sait maintenant que boire de l'eau de mer est un
leurre. Il ne faut donc pas en boire.
Le désal manuel est effectivement une solution utile, mais l'apport en eau doit être minoré par le fait que l'énergie musculaire
nécessaire aux mouvement du levier est elle-même consommatrice d'eau (sans compter la transpiration).

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