Elle rêve avec moi..

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Elle rêve avec moi..
sujet n°110401
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réponse n°248492

Voilà un bien beau livre, pour moi un des meilleurs de l'année. Un livre qui suscite le coup de cœur, l'admiration, la reconnaissance, le respect. Ce carnet de voyage intemporel (il n'est d'ailleurs pas daté) et discontinu (mais cela n'pas d'importance), se lit comme un chant d'amour et de confiance. Amour de la mer et de la planète, amour de la vie, amour d'une femme, qui s'appuient, se nourrissent, se renforcent les uns les autres.

Le creuset de cette subtile alchimie est Naïla (anagramme d'Alain), bateau littéralement enfanté par l'auteur et qui l’emmène dans les latitudes et les escales les plus australes, et qui à son tour met au monde son capitaine. Le récit de navigation, passionnant, se double d'emblée du récit du voyage intérieur. Un récit marqué par la lucidité, la finesse d'analyse et la sincérité, qui décrit bien le mélange des sentiments générés par le voyage hauturier : le stress, la fatigue, la peur, payés au centuple par une accalmie, une escale, un paysage, la vision fugitive d'un oiseau.

Mise au monde d'une vie qui se transforme sous l'effet de l'expérience marine, mais aussi à travers les rencontres que le voyage en voilier permet à qui en prend l'envie et le temps, des rencontres à l'essentiel où, là aussi, la qualité vaut plus que la quantité, l'intensité plus que la durée.

Elle rêve avec moi, c'est enfin – et surtout – Corinne, dont les très jolis poèmes jalonnent le livre. Une authentique et très belle histoire d'amour se déroule au long des pages de ce livre, et elle nous touche par son authenticité et sa douceur.

La richesse et la subtilité de ce livre sont naturellement liées à la personnalité et à la maturité de l'auteur, mais elles doivent beaucoup à l'écriture. Celle-ci a un style unique, qui sait faire passer en peu de mots image et anecdote, paysage et portrait, émotion et poésie, auto-analyse et philosophie.

Le livre se termine sur lui-même avec naturel et élégance (encore une marque de qualité littéraire), mais une fois refermé, il résonne encore longtemps dans le cœur.

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réponse n°248661

 témoignage reçu, concernant Alain Kalita :

"""Bonjour,
Oui, bien sûr, le livre est déjà ici dans les bagages, même si le carré appelle moins à la lecture du grand large que ma maison dans cette île du centre de l'Europe.
Pour Kalita, c'est un peu particulier, car je vais revenir sur un lieu magique où s'est déroulé cette rencontre improbable: après deux semaines de "descentes" des canaux des Chonos, voilà que je me trouve ce 3 janvier 2010, à l'ouvert de la baie St Rafaël; située par 40 degrés sud environ, c'est le lieu le plus éloigné du pôle où on trouve un glacier qui vêle.
Dans la baie même, le mouillage n'est pas sûr à cause des innombrables glaces qui y flottent; une rivière s'y jette, le Rio Patos; c'est là que l'on conseille le mouillage.
Marée montante, pas de problème pour s'y engager; je dépasse un petit voilier amarré à même le bord, moult amarres aux arbres ainsi que deux câblots plongeant dans ces eaux brunâtres qui vu leur position tirent sur deux ancres posées en amont et en aval.
Le voilier attire mon attention, de petite taille mais en aluminium, et offrant un air de solidité. Une tête apparaît derrière les fargues, elle m'annonce que le courant est violent et que le mouillage doit s'effectuer avec soin.
Une cinquantaine de mètres plus loin, dans un coude, l'ancre descend, croche rapidement et des bouts sont portés à terre sur des arbres.
Le temps est calme, très humide.

Dans ces lieux, toute rencontre est exceptionnelle; je prends donc l'annexe et je viens à couple du voilier; Naïla, ça me dit quelque chose; on discute de choses et d'autres, et tout à coup, tout me revient: "je suis né deux fois", ce bouquin qui trônait sur Drisar, que beaucoup de jeunes ont lu, voilà ! A connaître les tribulations de son bouquin parmi les ados de 1000 Sabords, Alain se réjouit.

On discutera une bonne heure, le temps que la marée tourne; le reflux est bien entamé et la lumière déjà bien basse que je me décide à regagner mon bord; après deux coups de pagaie, voilà que l'une des rames se brise: impossible de regagner ces cinquante mètres contre le violent courant; Alain se rhabille donc, met en place son moteur et me tire pour me ramener au bercail.

Le lendemain, pas un nuage, un temps de fou pour pénétrer dans la lagune, parmi la glace, devant le front du glacier: sublime. Alain attendait depuis trois semaines ce jour; il avait d'ailleurs quelques craintes pour la remontée sur Puerto Montt, un vingt chevaux pour affronter des courants de quatre à cinq noeuds, et des vents, de secteur nord dominant régulièrement, avec des grimpées au moment du passage des fronts.
J'ai retrouvé Alain et Naïla quelques années plus tard, par images de youtube interposées, alors qu'il subissait un coup de vent bien appuyé contre un quai à la petite Rapa, un archipel isolé.

Jean Claude Fleuret"""

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